Un automne à Pincevent : rencontre avec une société magdalénienne
par Claudine Karlin
Le gisement de Pincevent, site magdalénien de plein air, a permis à André Leroi-Gourhan de développer ses idées quant à une approche ethnographique des occupations préhistoriques. Un des niveaux, fouillé sur près de 5000 m2 représente le plus grand campement magdalénien connu. Son étude récemment publiée et qui s’inscrit dans l’héritage Leroi-Gourhan, est résolument paléthnologique. Elle se fonde à la fois sur une description du matériel et des faits archéologiques et sur une interprétation enrichie de données ethnoarchéologiques.
Il s’agira d’abord de présenter le campement, de montrer comment nous avons distingué les habitations des ateliers techniques. Nous suivrons, à travers l’analyse des techniques de taille, l’identification des individus présents dans ce campement, et verrons pourquoi la présence de familles nous semble certaine. Puis nous analyserons l’organisation de leur habitat montrant des similitudes qui renvoie à la culture du groupe, mais aussi des différences qui vont nous conduire à nous interroger sur la nature des rapports sociaux qu’entretiennent ces familles de chasseurs, en particulier à proposer leur reconnaissance de l’autorité d’un « maître de chasse ».
Au fil de cette démonstration, nous montrerons comment les enquêtes conduites en Sibérie chez des nomades chasseurs éleveurs de rennes nous ont aidé à donner vie à ce groupe de Magdaléniens venu un automne il y a 13’000 ans sur les berges de la Seine chasser le renne en profitant du mouvement migratoire du troupeau sauv