Le dépôt d’Achenheim (5e millénaire av. J.-C., Bas-Rhin, France) et les pratiques guerrières du Néolithique
par Philippe Lefranc
La fouille conduite en 2016 par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives sur le site d’Achenheim « Strasse », en Basse-Alsace, a mis en évidence les vestiges d’un village néolithique fortifié (culture de Bruebach-Oberbergen, 4400-4250 cal. BC) abritant plusieurs centaines de structures de stockage souterraines. L’une d’entre-elles, la fosse 124, a livré les restes de six individus masculins victimes de gestes d’une extrême violence, ainsi que quatre membres supérieurs gauches sectionnés. L’analyse de cet assemblage unique nous a amené à poser l’hypothèse d’un dépôt constitutif à une « fête de victoire » ayant enregistré des gestes qu’une approche comparatiste nous autorise à identifier à des gestes spécifiquement guerriers tels que la prise de trophée, la torture et l’outrage au cadavre. La découverte d’un dépôt contemporain de même type, en 2015, sur le site de Bergheim (Haut-Rhin), montre que la Basse-Alsace a été le théâtre d’une « guerre totale » opposant, vers 4250 av. J.-C, les groupes autochtones et une nouvelle entité originaire du Bassin parisien. La communication proposée tentera de replacer la découverte d’Achenheim dans le cadre plus large des débats consacrés à l’origine et aux différentes manifestations de la violence collective lors de la Préhistoire récente.