Sijilmâsa (Maroc) : ville, oasis carrefour du grand commerce africain au Moyen Âge
par François-Xavier Fauvelle
Dès les débuts de l’islam en Afrique du nord, des liaisons régulières par caravanes furent établies avec l’autre rive du Sahara. Sijilmâsa, dans l’oasis du Tafilalet au Maroc, fut l’une des premières et, tout au long du moyen âge, des plus importantes cités caravanières liées à ce commerce. La ville fut le siège de principautés berbères et un important lieu de pouvoir des dynasties marocaines successives, où l’on frappait l’or importé des royaumes du Sahel. Les documents écrits nous parlent d’une ville florissante comptant des maisons de commerce islamiques et juives, des mosquées et des synagogues, des maisons à plusieurs étages et des jardins.
Mais comment réconcilier cette image de prospérité et la désolation qui frappe la région depuis le 16e siècle ? Retrouver la ville des grands marchands n’est pas chose aisée, tant l’architecture de terre crue est redevenue poussière et tant le site a été endommagé par l’action des hommes et des éléments. Mais ici l’archéologue et l’historien sont aidés par la mémoire : les ruines de Sijilmâsa sont, depuis des siècles, hantées par de saints personnages, chérifs et marabouts qui ont contribué à sacraliser les lieux, parfois à les protéger. Et Sijilmâsa commence à sortir de terre : les fouilles du site, conduites par une équipe franco-marocaine, commencent à dessiner l’image d’une cité aux multiples visages, une ville de terre multipolaire, souvent pillée, plusieurs fois rebâtie dans le paysage oasien qu’elle a contribué elle-même à transformer.
(*) Illustration: Sijilmâsa d’après une aquarelle de Christian Darles