Mémoire et matérialité. Une étude de cas issue de la bataille de Normandie (juin-juillet 1944)
par Alexis Gorgues
Le champ de bataille est un lieu de mémoire : un espace investi d’une dimension symbolique particulière, du fait des sacrifices qui y ont été consentis. Les lieux de ce type jalonnent les histoires nationales et les récits plus ou moins héroïques, et c’est souvent à ce titre qu’ils ont très tôt été investis par les archéologues. Dans ce cadre, la tendance générale –mais nullement exclusive- fut celle d’un concordisme entre sources écrites et archéologiques. Pourtant, certaines études de cas ont démontré dès les années 1980 qu’il y avait plus, dans la réalité du champ de bataille, que ce que la mémoire des combats suggérait. Depuis 2019, le programme CoBRA (Comprendre la Bataille par le Registre Archéologique) a analysé deux champs de bataille de la seconde Guerre Mondiale, afin de comprendre comment ce type de site se forme et de quelle façon il reflète la dynamique des combats. Par ailleurs, il s’intéresse à la façon dont un lieu de combat se transforme peu à peu en lieu de mémoire. Pour cela, les recherches ont porté sur deux théâtres de combat d’infanterie, l’un célèbre (le Manoir de Brécourt, à Sainte-Marie-du-Mont, un combat du matin du 6 juin), l’autre oublié (la Montanguerie, à Amigny, le 25 juillet 1944). Nous présenterons les travaux faits sur ces sites ainsi que leurs principaux apports.