Une momie précolombienne de Bruxelles inspire Hergé: sa vraie histoire.
par Serge Lemaître
Depuis 175 ans, les collections « Amériques » des Musées royaux d’Art et d’Histoire conservent 7 momies précolombiennes. L’une d’entre elles, exposée dans les collections permanentes, a déjà fait l’objet d’une première étude dans les années 1990. Cette momie a été rendue célèbre grâce à la place de choix qu’Hergé lui a réservée dans deux de ses albums (Les sept boules de cristal et Le Temple du Soleil). Lors du premier scan, des éléments intéressants étaient déjà apparus, tels qu’une arthrose, mais les récentes avancées en imagerie médicale permettent d’affiner ces premiers résultats et d’obtenir une imagerie ainsi qu’une modélisation 3D de meilleure qualité.
De plus, une étude dans les archives et les objets conservés dans les collections permettent de contextualiser ces momies. Les études ont été également menées dans d’autres directions comme la toxicologie et l’entomologie. Cette dernière permet d’étudier les insectes nécrophages et nous aide à déterminer le temps entre le décès et la mise en tombe. Telles les séries policières modernes, nous pouvons donc déterminer que certains corps ont attendu plus de dix jours avant de rejoindre la tombe. Ce sont évidemment des indices intéressants pour l’archéologue car cela lui permet de connaître les rituels liés à la mort. La toxicologie nous a appris que tous les individus avaient une consommation importante tout au long de leur vie de feuilles de coca. Celles-ci sont mastiquées, comme cela se pratique encore de nos jours, afin de donner du tonus physique lors de tâches fatigantes mais aussi pour aider à supporter les effets de l’altitude en montagne.
Ces études diverses ont permis de mieux connaître les individus et de montrer une image très différente de celle qu’Hergé avait construite autour du personnage qui a effrayé bon nombre de jeunes lecteurs.