Environnement, ressources et peuplement : Les dessous du Néolithique en Afrique de l’Ouest
par Sylvain Ozainne
Tel qu’il est défini en Europe, le concept de Néolithique est articulé autour de la diffusion de l’élevage et de l’agriculture, coïncidant avec d’importants changements sociaux, techniques et culturels comme la sédentarisation et la production de céramique. En Afrique, la poterie, l’élevage, l’agriculture et la sédentarisation semblent apparaître de façon indépendante et selon des paramètres géographiques et chronologiques très variables. De nombreux chercheurs estiment ainsi que le terme de Néolithique n’est pas approprié pour le continent africain. Les archéologues africanistes doivent-ils pour autant renoncer définitivement à cette appellation?
En Afrique de l’Ouest, les recherches menées depuis deux décennies ont considérablement amélioré notre perception des mutations économiques et techniques survenues pendant l’Holocène. Les données archéologiques et environnementales disponibles aujourd’hui permettent notamment de mieux définir l’exploitation des ressources et les modes de vie adoptés à partir de 2500 av. J.-C par les populations des zones subsahariennes dans un contexte de changements climatiques majeurs. D’une manière générale, il apparaît ainsi que le peuplement de la bande sahélo-soudanienne pendant l’Holocène récent est régi par des mécanismes économiques, démographiques et culturels qui constituent un véritable Néolithique ouest-africain.