• Dans l’ombre du royaume chrétien d’Ethiopie

    • Date: mardi, 10 juin 2014 à 19h00
    • Lieu: Uni-Mail, salle M S150
    • Conférencier: François-Xavier Fauvelle
    • Institut: Directeur de recherche au CNRS à Toulouse-le-Mirail, France, historien et archéologue.

Dans l’ombre du royaume chrétien d’Ethiopie

par François-Xavier Fauvelle

Eclairages archéologiques et historiques sur les voisins musulmans, juifs et païens des chrétiens du Moyen Age

On croit bien connaître l’Ethiopie et son histoire une chrétienté orientale enracinée sur les hautes terres de la Corne de l’Afrique depuis le IVe siècle, une royauté conquérante qui est comme l’épine dorsale de la construction du pays jusqu’à l’époque contemporaine, une tradition monastique encore bien vivante aujourd’hui quelques hauts lieux patrimoniaux et touristiques, tel l’ensemble monolithique des églises de Lalibela. Et une tradition écrite qui, fait unique en Afrique, remonte à l’antiquité. Si, en dépit des lacunes historiques et au prix d’un travail constant d’étude des textes, l’Ethiopie chrétienne du Moyen Age est assez bien connue des historiens, c’est d’abord parce que ses moines et ses clercs royaux ont laissé d’abondants documents écrits. Grâce à eux, nous savons qu’existaient également des sociétés païennes, musulmanes, juives, voisines du royaume chrétien. Immanquablement, ces sources nous les présentent comme des sociétés lointaines et vaincues, en tout cas périphériques et inamicales.

Mais peut-on mieux dévoiler cette Ethiopie encore méconnue ? Oui. Les recherches archéologiques récentes ont permis de révéler des sites musulmans médiévaux, remarquables par leur tradition urbaine et architecturale, montrant une société aussi profondément islamisée que leur voisine était chrétienne, et des sociétés païennes dont les impressionnants vestiges funéraires supposent une cohabitation tant avec les chrétiens qu’avec les musulmans. En somme, ce qui commence à sortir de l’ombre, quoi qu’en disent les écrits chrétiens, c’est une civilisation plurielle faite de sociétés et de pouvoirs articulés et parfois emboités, certes quelquefois rivaux, mais qui échangent des produits et des idées les uns avec les autres. De quoi faire évoluer notre vision de l’Ethiopie chrétienne elle-même, de sa place et de son rôle dans le concert culturel et économique de cette région d’Afrique.